Dans l’esprit de certains, Nicolas Sarkozy serait le lointain descendant du Général de Gaulle. Mais les mutations du gaullisme en pompidolisme puis en chiraquisme avant de d’aboutir au sarkozysme ont vidé de toute trace de gaullisme l’UMP. L’abandon de la croix de Lorraine n’était pas pour rien…
Une différence institutionnelle
La forme est ce qui semble évident, mais dans le fond, la différence n’est pas moins grande. Le Général de Gaulle a construit des institutions avec un équilibre où, si le Président de la République est la pierre angulaire du système, le Premier Ministre avait un rôle. Nicolas Sarkozy est revenu à une lecture très giscardienne de la Constitution où le Président est tout et le Premier Ministre n’est plus qu’un collaborateur, démonétisant l’ensemble de son gouvernement.
Le Président était un sage, un arbitre qui représentait tous les Français, économe de sa parole mais capable d’intervenir pour guider le pays en toute circonstance. Nicolas Sarkozy est totalement passé à côté de la part de représentation de la fonction, versant dans la vulgarité et le trivial. Alors qu’il devrait incarner la France, il jouit de sa position. Il n’est pas devenu Président pour servir les Français ou des convictions, mais pour s’accomplir. D’où sans doute le grand écart en matière de style.
Une différence de fond
Mais la différence entre les deux hommes est aussi patente sur le fond. Alors que le Général de Gaulle refusait tout affaiblissement de la souveraineté Française, retirant notre pays du commandement militaire intégré de l’OTAN, ou pratiquant la politique de la chaise vide pour obtenir un droit de veto sur les décisions européennes, Nicolas Sarkozy a réintégré l’OTAN. Il a signé un TCE bis malgré le « non » de 2005 et il est prêt aujourd’hui à mettre le budget national sous tutelle européenne.
Trop préoccupé par son destin personnel plutôt que guidé par l’intérêt de la France et des Français, il est incapable de donner une direction claire à notre pays sur toutes les grandes questions. Il ne sait qu’alterner les postures calibrées pour plaire dans l’opinion, oubliant aussitôt d’essayer de vraiment faire les choses et n’hésitant pas à se contredire s’il pense que cela peut le servir. Beaucoup vient du fait que son moteur interne est son ambition, pas des idées qui le dépasseraient.
Nicolas Sarkozy, c’est aussi une politique économique aussi injuste qu’inefficace (d’où le détricotage du « paquet fiscal »). C’est un manque de considération de l’argent public (déjà, comme ministre du budget, il avait supervisé deux des plus gros déficits de notre histoire). Sa politique n’est qu’une succession de postures qui ne résolvent rien (sécurité, retraites), où, la communication vient au détriment des politiques. La politique de la France se fait à la corbeille et chez l’IFOP…
Peut-on imaginer un homme politique plus éloigné du Général de Gaulle que lui ? Pour cette raison, il m’est toujours particulièrement insupportable de voir le président essayer de se vêtir d’un costume beaucoup trop grand pour lui de manière à en tirer un quelconque profit. Les Français ne sont pas stupides…
Laurent Pinsolle